000080

De chaque côté de l’écluse, l’eau était au même niveau. À quoi bon la faire fonctionner ? Je suais de tout le corps à ouvrir et fermer successivement les sas pour faire passer les péniches, tant et si bien qu’à la fin de la journée les niveaux, de chaque côté de l’écluse, étaient nettement distincts. Je me réveille.

000081

Petit chaton sans patte arrière, je te suis.

000082

Salut, beau brun ! Bien dormi ? Je file voir le conseiller danse de la D.R.A.C. (fait chier). Doux réveil... Je te laisse préparer ton petit déj' (NB : les plaques sont débranchées). Moi, je veux dormir avec toi ce soir même si je ne suis pas dans une forme éblouissante (en tout cas, j'ai récupéré un peu - j'ai bien dormi près de toi, contre toi, ma main sous ta fesse). Je t'appelle, tu m'appelles, on s'appelle quoi. Baisers sur la plus belle bouche du N.P.D.C.. Je t'aime mon amour. R.

000083

Le rouge pour la viande. Le vert pour les légumes.

000084

Attends David Flahaut dans un café de Lille, Le Moulin d'or. 19h00. Jus A.C.E.. J'stresse et je ne sais pas pourquoi. Etrange. Je porte une veste de velours noir. Une veste de Richard.

000085

Une autoroute vue de haut ou de profil bas, les voitures vont de gauche à droite. Un panoramique rapide « entre » dans l’un des véhicules, caméra à la place du mort. Le danseur conduit et nous parle : « Puisque vous êtes là, c’est qu’il va sans doute se passer quelque chose, et cela ne me rassure pas. » Quelques instants, le temps pour le public d’oublier que le danseur sait que nous sommes là. Intimité de retour : il se gratte, met les doigts dans le nez ou les cheveux, crispation intense, presque drôle, bras autour du visage. Noir et bruit de carambolage ? La salle est dans le noir, l’écran se lève ou un rideau se baisse, ou le projecteur s’éteint. La scène apparaît progressivement, warnings dans l’obscurité, la lumière se lève peu à peu, une carcasse de voiture émerge, reconnaissable. Un corps à travers le pare-brise, longues minutes qui s’écoulent, presque énervantes. Le danseur se réveille, s’extirpe, danse entre douleur et sang, évanouissements, boitements, râles. Pendant ce temps, un autre écran s’allume dans le fond, ou le même selon les contraintes. Un corps recroquevillé filmé en night-shot d’au-dessus, femme ou homme, se réveille et reste visible à nos yeux. Conscience ? Métaphore ? Cette personne bouge dans son espace exigu et nous révèle de petites choses, quelqu’un bâillonné, blessé… Le danseur se fond avec la carcasse, épouse les bosses et bleus, danse macabre. Sexe ? Puis il s’élève dans les airs, kitch, pour rires nerveux. Et la personne en night-shot s’extirpe du coffre… Pas de suite ni de chute, il faut juste qu’elle parte. Projection ?

000086

Ces montages, je peux te les montrer parce que j'ai débloqué ma situation cul-de-sacale !

000087

Made in G. Après dix heures et quelques minutes à travers nationales et départementales, toutes sur la ligne droite Lille–Genève qu'effectuerait l'un de nos amis pigeons, bilan : du gasoil et deux euros et des patates de cent de péage… Only. De merveilleux sandwiches complets : tomate, Edam, jambon de dinde, œufs durs et moutarde, made by Richard. Quelques arrêts pipi en plein rien et quelques buissons. La rotule du genou droit hurle versus les mots doux et gestes amoureux du Porto Caught. Finalement arrivés à Genève « La grande propre », avec une magnifique vignette verte à 40 FCH. Soleil formidable, appartement au-dessus du « SEX CENTER, LOVE LIPS… », Rue des Pâquis, quartier des Pâquis. Grave kitch clean. Madonna, en fond sonore, déborde des marcels plastiques à paillettes comme autant de glamshine sur les lèvres pulpeuses de nos nouvelles voisines. Entre Husler_Photo_Penthouse et Michelin. La ville : ambiance tolérante, mains masculines entrelacées parmi les reflets de confettis balayés par les ailes des signes… et des canards. La radio locale nous apprend, plus tard, que nous nous baladions dans les restes de la Gaypride genevoise. Ce que nous voyons est exceptionnel, ce que nous voyons est exceptionnel. Déçus ? En tout cas, pour un premier contact, si ce n’est pas un signe, je n’y comprends plus rien. Et tout est toujours comme ça. Le soleil. Est-il le même que celui du Nord ? Petit, je croyais qu’il y avait autant de soleils autour de la terre que l’indiquait la jolie blonde de la télévision, sans m’étonner de ne jamais en voir plusieurs à la fois au milieu de deux régions ou villes lorsque nous roulions vers la Costa Brava. Le soleil du Léman se couche, un moineau s’agrippe au pli de mon pantalon, intérieur mollet droit : magique ? Blasé ? Entre les deux… Arrivée dans une ville propre, presque Disney World, les prix nous font peur (comme à tout être humain, non ?), mais nous nous y sentons attendus, étrangement et heureusement, chez nous. Rentrés pas trop tard après une bonne et longue marche, une revue de locations immobilières en main : F1 à 900 FCH, F2 à 1100 FCH… Le cauchemar. Un couscous en boîte pas mauvais du tout et des fruits frais en salade, nous nous couchons ensemble : « Ça va mon lutin ? » me demande-t-il avant de m’attraper un téton, puis de lire son petit poche. Mon bonnet à rayures. Moi, imperturbable (« Ouai, mon œil ! »), je gribouille dans mon Zap-Book… Bonne nuit ! J’ai les mains liées, je suis nu et attaché à une palissade « Tom Sawyer » en chêne oxydé par l’iode et le chlorure de sodium, vapeurs et embruns de la mer huileuse et noire. Je suis au poteau, attentif à la chanson du bidon métallique se vidant sur mes genoux. Mes yeux piquent et ma mère veut mettre le feu à l’essence qui m’imbibe. Pas de cris, ni de surprise. Je vis son intention très fort comme ma destinée. Le tableau sacrificiel s’éteint et maman pleure la bouche grande ouverte, avalant le point de fuite dans un néant huileux et noir. Moi, attaché face à la carpe étouffée, l’eau sombre partout, dans tous les trous. Je me réveille. Richard, lui, a rêvé qu’il ne trouvait pas de banque… en Suisse… Fête des Géants dans le Nord. Alors que mon parrain tirait un des chars, Richard et moi nous réveillâmes simplement en territoire inconnu. Je sens que nous allons nager aujourd’hui. Je vais me laver, trouver quelques fringues puis déjeuner. Petit tour en ville pour découvrir les bureaux où Richard travaillera et peut-être moi… Hoping so… much. À côté du Rhône, enfin du bébé Rhône transparent. Comme nous dormons à côté du lac… Trouverons-nous un logement avant de partir ? Retour : tombons dans un MacDo pour manger un VégiMac (sandwich végétarien). Puis, sommes retournés faire une sieste « chez nous ». Réveil. Retraverser la ville, monter Rive Gauche, perdre le geyser de vue. Une chapelle, un concert gratuit, guitare espagnole, viole et chant. Pas terrible de jeu et de voix, mais nous restons jusqu’avant le dernier rappel, la fraîcheur des lieux, les visages et fringues des vieilles Suisses étonnantes. Une typologie de visages qui nous susurre : « Vous êtes bien en Suisse ». Retour « at home » ! Inquiétudes pour la voiture : les règles de stationnement dans ce pays neutre. Grrrr : cher… Allez, on va s’taper une bonne soupe ! Nom de D’. Levés tard cette fois, Baptiste eut un devoir à la maison : chercher un pain complet coupé. Rencontre avec Delphine de la Fondation Parano. Nous allons tous les trois boire un café en terrasse quartier des Pâquis. Elle répond très patiemment et gentiment à nos ignorances. Visite des bureaux où Richard ira bosser, pause dans la ville, face au lac, sandwiches… bla, bla, bla. Soleil de temps en temps, des signes partout. Je m’amuse à les canarder, mon petit appareil numérique ficelé au poignet. Office du tourisme : pas de programme de la Bâtie, obtention d’une liste de régies : premiers contacts, premières visites, premières horreurs. On rentre, on s’couche ! Nuit de rêves ? Oui, mais pas de nuit ! Nous dormons, mais ce n’est que de la récupération, nous nous parlons au milieu de la nuit. Sweet mais crevant… Pas de souvenirs de rêves sauf d’avoir désiré aller au sauna avec Richard — sauna dans l’appart de Maria — de lui avoir demandé à voix haute. Rêver. Je veux lire un livre dans mon bain éclairé de bougies. Richard me sort de la baignoire pour « affaire », j’y retourne stressé, la journée s’annonce dure et sans bougies… Et effectivement. Suite des régies après vérification que notre parking est bien le moins cher. Horrible, oui ! Un appart à voir avec les clefs, pas mal. Un autre demain… RDV avec Ulrich demain aussi, Delphine revient demain. Tout se passera demain ! Oh ! À un café-restaurant, sur un des quais du bord de la naissance du Rhône, une coccinelle se pose sur la manche de Richard. Je râle beaucoup à cause de la vive lumière. Je me suis mis au café depuis trois jours. Ça y est : je me drogue. Au secours ! Maux de tête, je n’aime pas ça. On s’pose. Téléphoner à Delphine. Ouvrir le pot de beurre de cacahuète ? Interdit ! Déguster, le purgatoire…

000088

Encore ce rêve, aussi court qu’atroce : j’ai le sida. Puis je me réveille.

000089

Tu me fais grave chier d'avoir mis de l'huile dans la pizza. Tu aimes l'huile. Je n'aime pas l'huile, car « huile » = « danger » (maux au ventre, pour ne pas être vulgaire)...