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Une espèce de lustre bancal posé sur la table à carreaux blancs, comme une paillasse bio, noyée de tubes, de béchers, de verre translucide qui capte la lumière sale, des flaques de liquide jaune collées aux parois, les mains qui tremblent un peu en touchant l’huile de moteur, ça sent la chaleur et l’acidité, l’expérience de thermodynamique qui glisse entre nos doigts, chaque geste est précis et brutal, la matière qui suinte et reflète, et nous, absorbés, fascinés par le glouglou des liquides et le vertige de la science mise à nu.
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You have been invited by Dididuc to join a blog called « journal des Idiots. » On tente de commencer à trois : voici une inscription pour participer à un blog : un endroit où on peut poster des images, des textes, des liens : ça va vous booster pour apprendre à faire un site : c'est comme ça que j'ai commencé ! Comme ça les recherches pour un festival de l'idiotie (ou autre dénominatif) peuvent être consultables et stockée par nous trois : possibilité d'y inviter d'autres personnes et de créer ainsi un club de nazes qui sont à la recherche d'idiots. Ce qui est pas mal maintenant, c'est qu'on peut laisser des commentaires sans être inscrit : donc de l'extérieur d'autres personnes peuvent s'exprimer. Enfin, avant que ça devienne quelque chose, c'est comme tout, ça prend du temps : mais j'ai mon idée : en faire une source de doc. sur l'idiotie, le grotesque, le con, le bêta, et tutti quanti... Pour poster des images, glisser un lien, je vous envoie bientôt la liste des choses à faire : vraiment ce serait cool que ça marche, j'ai eu l'idée il y a deux ans, mais personne n'a suivi, et c'est con.... Je prie pour que ça vous botte ! Gros bisous à tous les deux ! Ciao, Diane. -- Mail de Diane Ducret à Jérôme Le Goff et Cetusss.
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Ville la nuit, fête en approche, peut-être nationale. On cherche les géants, leur fabrication brute. On marche, territoire étranger, on suit la lumière, on entre. Église. Odeur familière, souvenirs forcés du catholicisme. Calme, sérénité et tout ce qui est caché sous le tapis. On s’assoit, premières rangées à droite. Dans le casier du banc : un flyer. Photo panoramique de la nef. Même prêtres figés. Mais sur le flyer, pas une messe, un show : une mariée, seule devant l’autel. On sort, question posée aux dévots, on trouve les géants. Rond-point immense, parc bordé. Des mains attachent la paille, fixent, vérifient. Titre du prochain Obispo dans l’air. On tourne vite, on se perd. Halles, verrière de gare. Des étudiants en arts, des artistes en résidence ont envahi les toilettes publiques. Carrelage blanc, Raynaud pur. Mini-voûtes ouvertes comme des maisons nord-africaines. Douches, hammam peut-être. Christophe Wlaeminck arrive, chope de brune à la main. Plus loin, un photographe. Assistant improvisé, embauché par Cullen ou Dubois. Il shoote les mains sur la pâte à choux préparée par l’artiste. Elle dit : chaque geste extérieur, chaque touche, produit un objet unique. Singleton. Je fulmine. Mensonge. Elle parle d’objets uniques. Je vois seulement une pâte molle, qui se répète. Pas des formes infinies. Toujours la même boule grasse, vaguement patatoïde. Pas des œuvres singulières. Et c’est là que ça compte : pas l’illusion de l’unique, mais la solidarité réelle du geste collectif. Pas l’infini des formes, mais la solidarité concrète. Ce qui tisse mon travail. Alors Christophe pose une revue au sol, ouvre sa braguette, pisse dessus, agacé. Fin de tout. Souvenir qui se défait à l’envers. Réveil. Je note en désordre, agacé aussi.
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Désolé, pas de disque. Merci de votre compréhension. Arrivée à 10h10. Départ à 11h10. Merci !
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Je suis au cinéma. Un film terrifiant commence. Je suis poursuivi à l'intérieur de l'écran. Une maison immense, sombre, hantée. Dracula veut ma peau, le film se termine, mais j'y retourne. Le film est bien pire, pas le même. Dracula est caché dans une bouche d'aération, prêt à bondir. Je me donne le temps d'installer un système performant de détection compliquée. Infrarouges et explosifs. Il se jette alors sur moi mais explose, piégé dans la zone délimitée par les lasers. Je ne suis cependant pas au bout de mes peines car il s'est métamorphosé en monstre de Frankenstein géant. Il détruit tout, tout le château s'écroule autour et sur moi. Je reste à quatre pattes sous une table, les mains sur la nuque, je sens qu'il me cherche et que je suis l'assouvissement de sa colère. Il éparpille les gravas comme le Grand Méchant loup souffle la petite maison de paille. Draculastein trouve le chat, puis le chien, puis moi. Sa main gigantesque soulève tout pour s'accrocher à la colonne vertébrale qui ne m'appartient apparemment plus. Vulgaire serviette-éponge à essorer, je me réveille.
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Nous sortons de ma voiture, garée rue des Cordiers à Genève. Nous remarquons des croûtes à certains endroits de ma petite Clio bleue : des boursouflures rouillées, des brûlures du feu du soleil, de la canicule, ou des lames d’eau salée, ou les deux. Je gratte des bandes de peinture sur les flancs et les ailerons du coffre. J’entre dans une agence de voyage et y prends un tas d’autocollants « CH ». J’en choisis un pour le coller près de ma plaque d’immatriculation. Mais ce « CH » ne va pas, je le chiffonne ; le suivant idem, et ainsi de suite… Certains ressemblent à des gravures, comme des marques de chocolat, puis à l’histoire de la Suisse, de Genève à travers ses emblèmes. Je tombe sur des cartes postales : les mêmes gravures, puis des peintures, dont une que je reconnais : La femme en rose, de je ne sais plus qui. Portrait : un mur rose à gauche recadre le format rectangulaire en portrait ; à droite, une femme nue sur un vélo d’appartement. Elle est brune, coiffée au carré : Cléopâtre écourtée de cinq centimètres. Au fond, un mur d’un rose plus clair où le soleil dessine la fenêtre qu’il traverse. Une fenêtre de vieille maison. D’autres cartes postales, d’autres œuvres… Je trouve d’autres peintures de la série Femme en rose, que je mets de côté pour envoyer à Katherine. L’une d’elles : un cabaret, tableau rectangulaire en portrait, noir, à la touche sale. Des lampions roses ponctuent la nuit du fond jusque près d’elle. De presque face, sur son vélo d’appartement, la tête haute, en sueur, et ses trois seins… D’autres toiles comme Swimming Lovers d’Eric Fischl… Je collecte pour moi et mes amis. Puis, je colle un beau « CH », bien centré sur sa surface autocollante, à côté de ma plaque d’immatriculation. Et je me réveille.
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Coucou Baptiste ! C'est moi qui te remercie !!! La vidéo est super ! Et j'ai eu quelques surprises (les enfants, ma soeur...). Je n'avais pas tout vu !!! Juste une petite remarque (mais rien de méchant!) : il y a beaucoup d'effets spéciaux sur la piste de danse... Nico n'a pas eu le temps de tout voir puisqu'il bossait aujourd'hui. Je viens de le déposer à l'aéroport et il doit être en train de décoller à l'heure qu'il est... Je suis toute triste... Heureusement j'ai prévu de bouger un peu cette semaine (Lille demain, Dax le WE prochain puis Bordeaux...). Vive la SNCF ! Je te souhaite plein de courage pour le déménagement en Suisse ! Je ne manquerai pas de venir te voir : j'ai toujours rêvé de vivre en Suisse alors que je ne connais même pas !!! :o) Bisous et mille mercis pour la vidéo et ta bonne humeur tout au long du mariage (j'ai vu que ça baillait dur parfois au repas, mais toi tu étais toujours fidèle au poste !!!). Je te ferai une copie du résultat une fois la vidéo montée. À très bientôt !!! Ça m'a fait vraiment plaisir de te revoir ! Caro.
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J'ai trente secondes pour te dire que la barre... non... pour te dire que je t'aime. Que je suis content que tu arrives bientôt. Que je suis content de sans doute partir à Rio dans 2 mois bien que je sache qu'on risque de ne pas avoir une vie à deux des plus classiques - mais on est franchement pas les seuls. Mais c'est vraiment, pour le moment, ce que j'ai envie de goûter. Je suis sûr que ça va nous pousser à nous retrouver encore mieux chaque fois et qu'on aura plein de choses à se raconter tous les deux, loin de la routine ; et puis, même si ça me coûtera aussi, je le sais, j'espère qu'il t'arrivera qq. chose de ce type-là aussi dans ton boulot, tes productions artistiques, tes rencontres amicales ou pro, parce que c'est quand même mieux que de pointer dans un bureau non ? En plus ça te donnera aussi du temps pour toi, ton travail perso, te boostera et te poussera à sortir un peu, rencontrer les gens par toi-même - ce que tu fais très bien d'ailleurs. Mieux que moi ! La route est sinueuse, mais c'est plus beau quand ça serpente un peu que sur une autoroute droite et monotone non ? Je t'aime banane. Je dois m'y remettre. Smacks all over. R.
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Salut Bapy ! La Méditerranée est toujours là ! Le temps permet balades en vélo, bronzette et baignades... Lecture quand il fait trop chaud... J'ose à peine t'écrire ; tu vas encore tout tourner en dérision... Mais le principal c'est que je pense quand même à toi ! Que veux-tu j'adore mes gosses !!! Allez bisous. Maman.
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Genève plage, jour de fermeture. Le soleil tape. Une abeille butine les trèfles fleuris. Sa trompe noire vinyle fouette S.M. chaque pétale pour se régaler du nectar des gamètes surpris à se dorer la pilule. Fellation végétale. Salope.