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La Ribot a l'occasion de me voir plus que cul nu, elle également.
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« Salut Cetusss, voici le chef d'oeuvre réalisé par Nelly (pour la joindre : ...). J'espère que tu t'amuses bien. Gilles F. »
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« Julie BADIN 28/12/04 11 :44 J'ai rêvé que tu étais habillé en tenue marocaine et que tu me tâtais les seins ! Merci pour ton courrier bon retour à Genève, bisou »
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Je vois des ombres du coin des yeux. De plus en plus d'ombres furtives. Je fais semblant de ne pas les voir. Je les snobe sauf quand je sens un réel danger. Elles me fichent des frissons à me remettre la colonne vertébrale en place. Pratiques, mais effrayantes. Je ne sais pas qui elles sont, ni pourquoi elles me suivent. Je teste un gâteau salé qui gonfle et cuit dans le four aux résistances géantes, un four suisse ? Je suis seul, posé à mon bureau haricot, seul face au mur et je sais que tout se passe derrière moi au moment même où j'écris ces quelques lignes. Je me fiche d'être pris pour un taré, j'ai les couilles de coucher sur l'écran ce qu'il se passe. Elles liront peut-être par-dessus mon épaule et me laisseront tranquille. Je rêve de cris en ce moment, de griffes de loup et d'autobus rouges. Je ne sais pas où j'emmène les gens à bord, mais ils risquent gros à me suivre. J'ai peur de faire peur.
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Lors d'un festival de cinéma. Dans une des salles passe un film (aucun souvenir de ce que c'était). Une famille de 3 personnes devant moi (rang). Ils sont bizarres et se lèvent pour mieux voir le film. Je comprends qu'ils sont ivres, mais ils ont l'alcool calme. Ils sont juste déphasés. Derrière : un type accompagné de deux nanas rit doucement et explique à son harem le cas des personnes devant moi. Il me caresse la nuque le temps de son explication, sans réellement me prêter attention, en apparence. Il continue donc et je le laisse faire. Et je me réveille.
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Salon de ma grand-mère. Gilles Jobin, Richard, un politicien subventionneur et moi. Gilles doit danser et me choisit pour faire un duo en tant qu'amateur. Nous avons des intentions, des choses à faire dans l'espace de la pièce jusqu'à nous rapprocher, l'un de l'autre. Il se met derrière moi, se colle face à mon dos, me glisse des intentions à l'oreille et feint d'être une partie de mon corps. Il est moi juste décalé dans l'espace et un temps très proches. Je marche. Je prends un livre et le lis entièrement. Gilles m'accompagne et s'efface, puis, nous nous séparons lorsque je dois boire un verre d'eau. Il singe d'uriner à l'aide d'une poche d'eau et d'un tuyau. Puis il me demande de nous disputer. Il en profite pour jouer sa sortie de scène et me laisse seul. Fin du spectacle, je me réveille.
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Porno médiéval. Un copain baraqué comme une star du X m'amène chez une personne (pot à moi, à lui, un inconnu ?) qui possède une télévision. Il bloque sa cheminée par un très grand canapé et nous installe dedans face à la télé. Petite pièce. Il pose une couverture sur nous et allume la télé. Enfile une VHS dans le lecteur. Epoque médiévale, un roi se fait draguer par un chevalier, le roi lui roule une pelle et ils commencent à baiser. Le décor s'effondre. Il s'agissait d'un piège qui visait un « coming out » du roi. Ce dernier est alors jugé et condamné, puis tué sur un hôtel, une dague plantée dans le plexus solaire. Un prêtre lui pose un mouchoir sur le visage. Le roi ne se plaint pas, son corps s'agite de quelques spasmes. Devant ce film, mon pot baraqué se masturbe, bombe ses muscles un moment avant de m'inviter à me mélanger avec lui. C'est très agréable et je me réveille.
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Richard m'annonce qu'il va se faire un week-end de vacances en night-clubs. Ça me coupe les jambes. Il ne s'amuse pas avec moi et veut s'amuser seul, loin de moi. Je pleure et me réveille.
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Genève sous cinq mètres de neige. L'air est blanc et les routes impraticables. Le vent pousse la glace à ne faire ni des stalactites, ni des stalagmites, les pointes translucides étant toutes à l'horizontale. Le vent les décroche ensuite et les plante dans les dunes de neige. Ces dernières saignent et le sang gèle horizontalement à son tour.
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Je suis au téléphone, Jérôme surgit dans la bulle. « Oh ma poulette chérie ! » Je ris, je termine le montage de Steak House, compression en route. « Déjà ? Il a été tourné quand ? » Lausanne, dernier jour, captation double caméra, DVD à vendre, pas le vrai film. Il piaille, curieux, enthousiaste. Je ris encore. On parle projet. Ramasser des détritus dans la rue, transformer chaque objet en photo, en sculpture sur immeuble. « Les trucs bizarres, c’est les gens ici », je dis, moitié ironique, moitié sincère. Formats, couleurs, flous, jeux de lumière. Il rit, moi je souris, j’essaie de suivre le rythme, entre sérieux et absurdité. Photos, culbutos, essais ratés, tout doit servir, tout est matière. On glisse dans le banal et le drôle : jet d’eau, monuments, ville, souvenirs de Beaubourg. On parle de DVD, que j’ai fabriqué, pour Monsieur Gilles. Jérôme piaffe : « Mais tu n’as pas signé ! » Je sais. Peu importe. On rit, on négocie le temps, les envois, les mails, les projets qui fourmillent. Il parle de Delphine, je souris, contente qu’il produise. On se quitte presque sur un souffle : « Bizzzzz petit zozio ! ». Et je reste là, téléphone chaud, pensées en mouvement, montage suspendu, rires qui résonnent, absurdité douce, quotidien transformé en œuvre vive, pleine de matière et de corps.