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Premier jour : Je suis très content de la tournure que prend ma relation avec Kath. Une relation d'un type alliant professionnalisme et détente. Franchement bien. Je désire faire mes preuves, mais sans promettre la lune : je suis tout petit. À moi de grandir. Je bosserai seul demain. Bon, les photocopies de nos listes de titres des CDs « gardés » sont déjà faites. Il est 22H55 : même pas mal. Enfin, je dis ça, quand je me suis retrouvé le crâne bourré délicieusement d'infos... J'ai été incapable de me souvenir de ma matinée... Mais l'absence n'a pas duré longtemps. Kath m'a ouvert les yeux sur mon boulot personnel, à propos de mes oeuvres : elle a regardé mon « book » ! Je pense sérieusement à tout retravailler, approfondir : when I'll get some time. Le film : La nuit du chasseur est à voir... Vraiment ! Kath part à Marseille demain... J'ai du boulot ! A+ mon p'tit stage A+ Le soir arrive et je dépunaise toutes les monstrueuses affiches des murs, j'y mets ma trace, Mathilde m'a dit que je pouvais faire ce que je voulais de... (Mathilde est l'adorable tenancière des lieux.) ...la chambre. Enfin, il s'agit de murs, non de meubles. Normal, quoi ! J'ai donc scotché avant de dormir. La peinture, ce sera pour plus tard.

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Deuxième jour : Dur décollage au lever. J'sais pas pourquoi. La nuit est peut-être vite passée. Kath me demande gentiment de la conduire à la gare d'Arles. Je rends service avec plaisir. On fait le plein avant de partir, à la station-service utilisée dans « ça va ». Le long-métrage de Miss Marrou ! Et, sur la route, nous parlons... Le courant passe. Les corons restent chez eux : l'usine. Il fait beau, Arles est belle. 20 minutes dans un parking à guetter un départ. Je me gare en défendant mon steak : ben oui, à 10 personnes sur une place, c'est sportif ! Kath m'a conseillé d'aller voir les arènes, je m'y rends, mais n'y suis pas entré : pas envie de payer. Je décide d'en faire le tour tout de même. J'observe les trous, tout autour, où la lumière capturée par l'arène s'échappe. Les ombres sont très sombres. On lève la tête et : « Oh ! ». Photos... Je redescends, remonte en voiture puis redescends au Mas. Deux photos sur la route, les piquets... Sublimes ! Je prends rendez-vous avec François Pages à 17H... Il me déçoit un peu car il me demande si je vais lui montrer des images avec la musique. Il trouve bête... Je sais pas quoi d'ailleurs, mais accepte de voir la liste et d'entendre des extraits ! Ouais : pas gagné ! Je m'énerve pour rien, ça va aller !

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Troisième jour : Tout va bien : le petit matin se prête à une balade. Retour au Mas : je lis le scénario tranquillement chez Kath. Bon, j'avoue ne pas avoir manqué de frôler la crise cardiaque à chaque fois que s'est mis en route le frigo au moteur d'hélicoptère. Le petit poisson fait un petit bruit d'eau qui est supportable... Je commence le dépouillement du scénario quand sonne 16H00 ! Je vais sur un ordinateur et ponds en une bonne heure le plan de travail pour le tournage des autoroutes. Je vais voir François qui n'est pas là... Je laisse les CDs chez lui ainsi que la liste puis reviens au bureau où je relie le plan, l'imprime, le photocopie... François me fait savoir qu'il est là. J'y vais. Il me dit que cela va aller vite, nous papotons... Et il se décide à ajouter, conseiller... Je suis libéré à 18H33. Je décolle à la plage pour lire « Je suis une salope ! » à Arnaud.On s'enlise dans le sable avec la voiture, mes tongs n'aident pas : un bonheur ! 15 minutes et Arnaud la dégage du sable... On revient dans la lumière du coucher de soleil. Très beau... Pluie de moustiques et autres insectes sur les vitres, vraiment très impressionnante. Retour au Mas où nous mangeons tous : stagiaires ensemble. Je prends le temps d'une douche. Puis fin du dépouillement jusqu'à un bon 2H30. C'est fini, je suis tranquille. Un p'tit coup de pinceau sur les murs avant de partir là-haut, en rêve. Je ne me rappelle même pas jusqu'où je suis monté : j'ai dormi comme une masse.

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Quatrième jour : La journée commence par un coup de fil : la SNCF embête son petit monde, Kath m'appelle pour me donner du boulot car elle ne peut revenir tout de suite. J'écris un peu et hop, je m'en vais faire un plan du Mas. Enfin, nous n'aurons pas à courir partout pour montrer un endroit à l'autre, maintenant. Je fais un petit tour de repérage dans la propriété et prends des p'tits croquis. Je me déchire sur ce plan que je soigne ! Kath arrive vers la fin du repas, chargée comme un baudet, mais très fraîche. Même pas lourd ! Je ne me rappelle plus le nom de son poisson, mais je lui avoue l'avoir nettoyé... Elle se met à pleurer... Je déconne ! Il est propre quand même ! Le temps d'aller chercher la caméra des hommes (Celle que me prêtent les patrons du Mas), voilà Kath et moi, partis pour Vaccarès ! Le temps se dégage et nous en avons, de la chance, parce que c'est beau ! Nous sommes prêts. Premier arrêt. Je me défoule avec la caméra sur des petits plans sympas. J'essaye de bouger le moins possible pour l'image. Les flamands roses sont impressionnants. Je les trouve un peu bêtes quand même, avec leur tronche au bout de leur long cou à la Sami dans « Scoubidou » ! Kath m'apprend pourquoi ils sont roses ? Ben, parce qu'ils mangent des crevettes, tiens ! Et aussi leur symbole pictural : la rédemption, l'oiseau taché du sang du Christ... Maintenant, je les vois autrement. Total respect ++ ! Mais je les trouvais beaux avant quand même !! Deuxième arrêt. Nous allons voir les vaches qui ne font pas la crème ! Patience... Patience... Et récompense. La bête broute chaleureusement, goulûment : un bonheur. On la prend sous tous ses angles : une vraie star !! Les vaches m'apaisent, me sécurisent : rien qu'à leur vue. Flash-back : enfance à la ferme, gâté, curieux et complice de ses bêtes à bon Dieu. Retour sur Salin, Kath me fait visiter. Elle m'emmène encore dans la quatrième dimension derrière l'Eglise Orthodoxe : un régal Trip Hop pour les yeux. Il faudra que j'y emmène Arnaud et les autres stagiaires. Je vais à Arles faire des courses, reviens. Je rase la tête de Sébastien, on déconne, c'est cool !! On se prépare à manger et la ventilation au-dessus des plaques chauffantes manque de nous tuer en tombant à grands fracas ! Tout tombe sans faire de morts. Mais plus d'huile d'olive. La bouteille pleine était dessus ! Un point positif : le carrelage est bien nourri maintenant...

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Cinquième jour : Je me lève tôt. Le caméscope a rechargé les deux batteries cette nuit. Je ferai d'autres essais dans la chambre. Mais je ne trouve pas le stabilisateur d'images ! Peut-être que ça le fait tout seul, en fait ! (?) Je crois bien que oui. La photocopieuse me fait un caca nerveux mais une caresse suffit à la faire craquer... Ah ! Les machines... Bref, Kath peut prendre ses photocopies. Un peu d'Internet pour des images... Je vais bosser pour les hommes, maintenant, pour le Domaine de l'Amérique !

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Sixième jour : Mercredi 11 Avril 2001. Kath vient de me laisser dans un hôtel de Marseille, genre : « Juste c'qu'il faut ! ». On va me dire : « C'est facile de critiquer ! » mais bien au contraire, je trouve cette chambre tout à fait intéressante, elle sent le vécu... Genre : l'homme, la drogue, les femmes... Je dormirai, ce soir, chambre 22 à prononcer « Vingt Cinq ». Je me comprends. Deux murs, une porte, une fenêtre close. Une douche qui ressemble aux cabinets d'un chantier : toute en plastique beige-jaunâtre... J'entends la télé d'à côté... Quelqu'un regarde « Sex on the city ». Nous avions vu une prostituée (travesti ?) avant de monter dans l'hôtel... Une journée terrassante... La quatrième dimension une fois de plus. Des grandes surfaces partout, des restaurants prolo. Partout ! On a fait du repérage à Plan de Campagne, nous y avons fait des courses pour le film. Du Buffalo Grill au rayon des oeufs de Pâques. Du chalet de Heidi au F1 en passant par le Bowling. Et l'arrêt « Le Jogging Rose ». Dans le genre : « Des plumes », un patron qui aime les Galas, on n'a pas fait mieux... Un truc très Las Vegas, très « Cage aux folles » ! Le truc puissant !! Mort de rire ! Ah, les paillettes, les éléphants de l'entrée du Grand Standing ! Plus tôt, nous étions à Fos-sur-Mer pour du repérage aussi. Bref, rentrés épuisés, Kath et moi retravaillons le plan de travail. Nous préparons le boulot à faire demain, un gros truc ! Je me définis mieux en tant qu'Assistant réa. Mon côté « Administratif » et « Je pense à tout » doit ressortir ! Vivement demain ! Enfin vivement que je dorme maintenant, je suis vanné. Vraiment vanné, mais ça va, je suis content !

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Septième jour : Si « Une étoile » veut dire : « Pas de morpions », alors cela me va ! Je descends vers 8H00 pour le petit-déjeuner... Personne. Enfin, si : un type dont je ne comprends rien de ce qu'il me raconte. Un étranger passe et voilà l'explication : le type chargé d'aller chercher les petits déjeuners est coincé dehors car la porte ne veut plus s'ouvrir ! Je suis enfermé dans l'hôtel et pas de petit-déjeuner... pour le moment. Suis-je en France ? Qui m'a endormi ? Qui m'a enlevé ? Où suis-je ? Terrible !!! Trop fort ! Génial ! Les imprévus ! Un bébé crie... déjà ? Un bébé ? Après une nuit de débauche ? Trop forts, les voisins ! Ah ! On dirait un chat maintenant ! Bon, je vais redescendre, attendre... Elle est vraiment cramée par la cigarette, cette couverture ? :o) Baba au pays des vrais professionnels ? Cela y ressemblait ! Je me suis occupé des confirmations, des autorisations, des demandes de tournage pour les lieux choisis hier. Tout marche ! Pour l'instant ! Je dois faire des courses, me perdre dans Marseille avant de comprendre la ville ! Je me force, je ne craque pas ! Je suis usé, ça me fait un bien fou ! Des fax à passer ensuite, un Panini... J'ai découvert d'autres acteurs aujourd'hui... Michel (Max) que je connaissais déjà était là, déjà ! Mais aussi Patrick (Vincent), Caroline (Muriel), Elsa (Jeanne), Albert (Le présentateur) et Sébastien (Olivier). Ô fête ! Je dois penser à tricoter pour apprendre à Elsa, cela fait partie des petits boulots pour que les plans et ellipses soient « raccords » !! Après-midi photocopies et cartons. Le voyage dans les rues de Marseille dure... Mes pieds aussi ! La voiture : une C15, la nuit ! C'est la folie, ce n'est même pas racontable ! Kath et moi, après le rangement total pour le départ de demain, nous nous faisons un chinois, enfin, un restau vietnamien ! Un délice. Le boulot me tourne la tête, ou bien, est-ce le saké ? Moi et l'alcool faisons décidément deux ! Je suis dans l'hôtel « Gambetta », le même qu'hier ! Mais ce n'est pas le même type que je rencontre ce soir. Je lui demande la chambre à mon nom. Grosse erreur ! Il me dit que c'est écrit « Marrou » dans la case correspondante au numéro de la chambre, alors je lui réponds un peu, l'oeil brillant, qu'elle est ma réalisatrice... Et moi son assistant : il ne me croyait pas ! J'hallucinais ! L'idée de dormir dehors surgit dans mes pensées. Quand même, je n'allais pas embêter Katherine ! Bref, je ne panique pas, malgré tout : je lui montre la première page du scénario, il l'a lue puis hop hop hop ! Il comprend alors que je n'avais pas menti ! J'ai pu monter dormir après une bonne douche pas très chaude. Bonne nuit !

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Huitième jour : Le réveil sonne à 5H30 quand j'émerge ? Pas vraiment, voire pas du tout ! 6H20 ! Plus que dix minutes pour me lever, faire une propreté et vider la chambre. Pas un bruit dans l'hôtel : personne ! Tout le monde dort, mais ce n'est pas sûr... Je suis vite prêt, surtout prêt à me jeter dans le froid des matins d'Avril à Marseille. Deux... Trois rues plus tard et je suis face à la porte, au 53 Rue Tiers. Je sonne la Marrou qui m'étonnera toujours en sonnant l'ouverture de la porte méga rapidement ! Je monte pour redescendre aussitôt chercher la voiture dans le parking souterrain, là-haut sur « La plaine » : place d'un marché hebdomadaire. Je la trouve, ne me perds pas et passe prendre Kath. Tout va bien. Le jour se lève. Nous décollons pour le studio, pour charger toutes les caisses... Lavage de la C15, arrivée des acteurs ! Je serai Assistant Réa et Régisseur. J'essaye de me donner à fond en me maintenant dans un état d'esprit : « Je n'en fais pas assez ». J'aime ce que je fais. Les responsabilités me grisent. Tout le monde est là... Je vais conduire la voiture de Caroline. Je suis la C15, nous partons chercher une caméra figurante pour le personnage de « Max ». Deux autres cars follow me : no stress ! Le week-end le plus meurtrier !! Même pas peur. On trouve la boîte de location de la caméra. Je suis chargé de la chercher. Puis décollage pour la première séquence hors des voitures. Pourquoi hors ? Parce que Kath filme « Muriel » et « Vincent » dans la C15... que je suis ! Hi hi hi ! StoOoop ! L'heure du repas approche et nous n'avons toujours pas retrouvé Albert qui est seul au point de rendez-vous. Nous stoppons tous dans une station pour manger et faisons des maths, observons Salim que les voyages en voiture rendent malade ! J'assure le ravitaillement immédiat... Bilan matériel : de la fatigue pour tous, toujours la pêche néanmoins, une roue à changer, un accident sur la route à dépasser dans le virage... là-bas... On repart vers l'aire du rendez-vous pour le tournage. Salim monte... Il fait bien, je fais, au passage, une petite cascade. Salim ne pâlit pas plus, bien au contraire... La musique va très fort. C'est un vrai gosse et il aime la musique à fond dans la pauvre petite voiture. Mais ce n'est pas un « Bad Boy », comme son frère jumeau, ah ça non alors ! C'est ce qu'il m'a raconté ! N'empêche que mes oreilles en bourdonnent encore... Tu m'étonnes... On finit par trouver l'aire. Nous y sommes dans le bon sens. Les autres, non ! Nous ne les attendons pas très longtemps. L'équipe est au complet et Kath tourne. Je reste dans la C15 pour téléphoner au cher monsieur responsable du F1 pour confirmer la venue des dix gens de OUI PROD. Plus d'une heure un quart d'attente, de « bip bip : occupé »... Grrrr. Et en même temps, je pique du nez irrésistiblement. Les flics passent devant la voiture et m'observent de leur vitre gauche ouverte. Je leur dis que les voitures blanches sont ensembles. Ils avaient l'air de chercher des infractions... Je leur avoue que les « jeunes », en groupe, derrière les toilettes sont les propriétaires, que je suis avec eux et en tournage ! Sacrée police ! Ils sont allés voir de près et ont demandé à « Max » de bouger sa voiture, par sécurité. Elle ne gênait absolument pas ! On bouge, pour être sûr, toutes les voitures et j'assiste à une prise... terrible. C'est génial. Je retourne in the C15 pour l'histoire du F1. Je tombe sur une femme, lui explique. Elle nous attend ! Eh, tout va bien ! Arrivée au F1 où nous nous posons. Ah ! J'oubliais : ce matin, j'ai reçu un coup de fil d'un grand « manitou » de Buffalo Grill qui a refusé de nous autoriser de filmer à l'intérieur de son établissement ! Genre caricature d'Alain Delon, bien content de nous foutre dans la merde. À cause de deux radasses de serveuses aux chevilles comme ça !! Pas grave, Katherine me branche sur le chalet de plan de campagne. C'est une très bonne idée. Je décide d'y aller de suite. Je réserve pour demain midi, je recopie le menu. Je fais du zèle, c'est rigolo. On se retrouve tous au Buffalo pour la soirée. Nous nous empiffrons délicieusement. L'équipe m'explose les yeux de leurs cigarettes, mais je suis bien, zen, tranquille comme Baptiste... Ha ha ! Je sors le dernier du restaurant avec Elsa et Caroline. Une douche. Dodo ! La montre de Caroline sonne pendant la nuit puis mon portable, mais nous dormons super bien tout de même !

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Neuvième jour : Caro me réveille vers 8H30. Elle se prépare pour tourner dans le parking du F1 avec les autres, où les attend un camion ! Normal puisque le tournage en avait besoin d'un !! J'émerge doucement. Je dois faire des courses. J'y vais. Même pas le temps de me balader dans les rayons de Géant que le mobile sonne : « Besoin d'un journal accessoire pour l'équipe ! » Je lâche tout (enfin, que le panier rouge à manche noir et vide). J'achète « L'équipe » et leur porte... à pied. Ils en avaient retrouvé un ; dix secondes après l'achat de « L'équipe » : pas grave ! Je retourne à Géant avec la voiture de Caroline. Je vais à la grande surface puis au Tabac. Je rentre pour jouer à la petite souris en posant sur les lits de chacun les cadeaux : savons, gels douches, dentifrices ... Puis tout le monde au chalet !! Repas plus que copieux. Tournage très discret. Nous passons pour une bande de copains. Tout va bien, même si je stresse pour les acteurs et pour Katherine, j'ai peur d'être jeté par le patron du restaurant... Mais ça va, puisque Albert improvise et que je deviens la petite pute du Présentateur ! Flavien !!! C'est pas de ma faute : j'étais à table à côté de lui ! Ce type adore improviser et d'une façon toujours surprenante. Je ne suis pas dans le champ !! J'ai quand même joué le jeu. Tout pour le film ! Là, c'est la grosse pause ! J'en profite pour écrire mes deux derniers jours de boulot, d'aventures dans ce cahier ! J'aime ce job, sérieusement ! Je viens de me faire un sauna dans l'une des douches non H.S. du F1. Je suis bien. Il est 16H00. Rendez-vous à 16H30, là où je suis : cafétéria du F1 ! Mais, je ne sais pas, j'ai envie de sortir, et puis, il faut les clopes de Salim ! Au fait, je me suis acheté une paire de lunettes de soleil (conseil de Kath). J'avais oublié les autres à Salin ! Salin-de-Giraud... Comment vont-ils tous là-bas ? J'ai appelé une fois, mais pas de réponse. J'espère qu'ils vont bien là-bas. Enfin, on verra ! Nous nous rendons tous au bowling du tournage, pour les habituer à nous, pour prendre des marques. Kath met au point sa sauce pour plus tard, pour les séquences. On reste juste le temps de se faire aspirer toute notre énergie : c'est dingue, c'est l'effet grande-surface ! Une petite pause. Puis re-décollage pour le bowling. Excitation dans l'air ? Je ne sais pas trop. Je chope le gérant du bowling qui nous attendait quand même un peu : il a été nous chercher des pizzas « traiteur »... beaucoup en plus !! Et gratis ! Il nous avait réservés toute une moitié de la salle (presque). Il a fait baisser la musique de notre côté pour pouvoir avoir un son potable au niveau des dialogues, de la prise de son de Cécile. C'est trop fort, nous sommes des princes. Cet homme immense est génial ! Elsa tape des petits stress par rapport à son rôle qu'elle ne sent pas proche d'elle, un peu en retrait. Y a pas de raisons, c'est chacun son tour, j'veux dire ! Mais je la comprends, enfin, j'me comprends. Salim fait le gosse, mais un semblant de courant passe entre nous. Il me dit qu'il a 22 ans !! Et pas 17 !! Hi hi ! La soirée s'entame bien, le peuple augmente. Ça tourne ! Ça tourne jusqu'à 22H30-23H00. Nous sommes attendus ailleurs : au « Jogging Rose » ! Mais on nous attend vraiment !! Tu vois, nous sommes plutôt modestes, discrets et puis paf : le show commence dès que nous arrivons, pille quand nous nous posons à table. Une table qui oh, surprise, est à mon nom !   Très grisant. Je ne me sens plus ! Le show est terrible, génial, Kath chope des bouts extras, le music-hall ! Mon premier !! Ma première comédie musicale sur l'histoire du Music-Hall. Kitch à mort ! Les artistes suent, en bavent et c'est magnifique ! C'est du rêve, des bons rythmes, j'ai dû arborer un sourire stupide toute la soirée ! Kath tourne. Puis la fin, le ticket de caisse où l'on se demande où se trouve la virgule ! Un peu cher ! Nous sortons, sommes toujours dans le film : ça tourne encore ! Nous avons un peu chaud, la tête qui tourne. On traîne, on danse un peu. Albert et Michel traînent la patte avec leur copain argenté : le présentateur et son costume flashy ! Couché, mort à 4h00...

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Dixième jour : Lever à 8H00... J'attends Kath dans le couloir.Au fait : je dois penser à Albert : ses chaussettes ne sont pas raccord !! C'est ce qu'il me dit en sortant de sa chambre quand il m'aperçoit dans le couloir pour aller prendre une douche. Mort de rire ! On doit faire du repérage... Kath : réveille-toi !! Deux endroits géniaux à trouver pour trois séquences : facile !! Le bord du grand axe de Plan de Campagne, face au Tabac : seul fournisseur de clopes ! Ils y retourneront la scène du vol de « Muriel » et la discussion entre « Max » et « le Présentateur » ! Et l'autre lieu est un terrain vague d'enfer ! Une vraie poubelle de luxe, un lieu irréel. Nous y mangerons à midi, des nems aux légumes, des « M... ? » au poulet, de la salade chinoise. Le 15 Avril : pas de supermarché d'ouvert : trop la galère à trouver ! Les séquences sont superbes : Jeanne partant avec la C15, Salim dans le fauteuil face au soleil. Max court. Le repas est bon : une table improvisée sur le flan d'un frigidaire pourri, des sièges en pneus de voiture. Le tricot de Jeanne avance. Cécile, Elsa et moi nous y mettons. Le copain de Caroline nous rejoint. Il était déjà venu au bowling et au Jogging Rose, il fait des photos. Nous mangeons au Buff après tout cela. L'attente est longue à l'entrée, d'une table pour dix... Albert nous a quittés, ça fait un p'tit trou !! J'espère le revoir bientôt !L'ambiance est géniale, on s'entend tous bien. Même si Salim est parfois à la recherche d'une bagarre. Nous rentrons du Buffalo les dents qui baignent. Les séquences des chambres de « Muriel », de Max et Jeanne et des garçons restent à tourner : j'ai plus de chambre, elles ont été réquisitionnées pour le tournage et transformées en plateau... Je mets mon pull, mon grand manteau, je pique une couverture, prends mon sac de boulot, mes bouteilles vides dans un plastique FNAC. Et, très Clodo, je me couche dans un coin des couloirs du F1, près d'un radiateur éteint (l'environnement psychologique joue énormément sur la survie) près d'un chiotte sans lumière, pour handicapés. Je m'y allonge, un peu à la Marceau, le mime triste... Je dors... Comme un bébé.