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"Salut les poulets, je me la coule douce en préparant tranquillement le terrain pour votre arrivée. Quoi de neuf ? 14 places dans les lits. Des courgettes à gogo, laitues, scaroles et romaines. Les tomates sont sur le point d'arriver, les fruits seront tardifs : pommes, poires, pêches, tant pisch... Un congélateur à notre disposition : pour les stocks de merguez-chipo,... le barbecue est prêt... Un petit souci pour le labo n&b : je ne vois pas où le mettre : la pièce qui aurait fait office de labo est dorénavant meublée et tapissée... à voir...Un convoi Le Havre/Verneusses arrivera le 11(?) si j'ai la tête à l'endroit avec Jérôme et Emmanuel (qui ramènent deux ordi, ses tables de mixage, bref tout le studio d'enregistrement son : voir avec Eve et Cetusss : je pense qu'il y a de la collaboration dans l'air : même un stage son !) Merci Baptiste pour les DVDs ! J'ai reçu le mien, Jérôme aura le sien à l'arrivée ! J'ai pas eu le temps de regarder... Pas de convoi Paris/Verneusses en voiture donc le train est à prévoir : mais dites-moi qui prend le train j'envoie les horaires : et si un groupe pouvait arriver en même temps ce serait chouette : car la gare est à 30mn en caisse de la maison... Pas franchement de retour des invitations : mais c'est à prévoir : voir les vacanciers qui reviennent vers début août. Sophie s'est chargée de transmettre le message à la DRAC et quelques autres personnes : prévenez autour de vous, et nous verrons bien qui mangera les tartes que je préparerais la veille du samedi fatal : en tout cas tout sera prêt pour subvenir à la faim enflammée des artistes ! J'aurais également un stock de vin pas mal du tout pour les bouches assoiffées. Pour ceux qui ont : des raquettes de badminton : j'adore jouer à ça en fin d'après-midi ! Ici, une connexion internet, un G3 et je pense qu'avec ce que chacun ramène il y aura assez de matos pour visionner les images numériques. Un scanner Epson 3170 à dos transparent, une petite imprimante, mais pas mal du tout HP jet d'encre : j'ai dû ramener mon matériel à Berlin : donc pas de g4, pas de r300 Epson et pas le dernier scanner de Epson ! Pensez également si vous le pouvez à ramener des draps, il n'y en aura peut-être pas assez. Pour ce qui est des chambres, je ferais le plan de table la semaine prochaine, quand je visualiserais bien qui est là et quand : Sam arrive dans la semaine, Eve aussi et Fred (d'ailleurs peut être que vous pouvez venir ensemble ?) Je souhaite simplement qu'il fasse beau et chaud : en ce moment c'est super agréable ! Si vous savez déjà si certaines personnes viennent le samedi (le premier) prévenez-moi : je dois gérer ma fonction de faiseuse de tartes au légumes et salade. Possibilité de ramener évidemment de la sic, mais bon, il y a déjà trois tonnes de choses à écouter ici : et comme certains s'en doute j'ai toujours sous le coude : Britney, Justin, Shakira et J-LO, qui commence à me manquer... Bon Dieu, j'ADORE ! mais bon, Bach est également le bienvenu... ou Manitas de Platas... ou Nina Simone.... enfin éclectique, quoi ! Bon, pour le moment rien de nouveau... et toujours, je reste à votre disposition, chers amis pour toutes questions pertinentes : évidemment ! Biz girls and boys... Diane." -- Mail de Diane Ducruet.
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Je suis producteur d'un show télévisé. Mon frère est handicapé depuis sa naissance, son corps est tellement petit qu'on dirait qu'il n'est qu'une tête. Je n'arrange pas les choses en voulant lui faire boire des potions magiques. C'est comme ça qu'a commencé la fabuleuse aventure de « Mister Head ». Sur le décor kitch d'un plateau télé des années 70, trône une construction en bois de toutes les couleurs aux bords recouverts de paillettes. À plusieurs endroits se trouvent des trous de la taille d'une grosse chatière à travers lesquels on ne voit pas le fond. « Mister Head » passe sa tête (son corps entier) au travers en incarnant en chaque orifice un des membres d'une famille. Le show est la vie quotidienne de cette famille, gags tartopoilo-fête-du-slipo-foireux à la clef. Une speakerine présente les débuts, les entractes et les fins assise sur un très grand tabouret de boite d'échangisme. Elle est une actrice célèbre de cette fantastique époque du col roulé et de la coupe blonde au bol, toujours souriante au pied du rideau de velours rouge. Very deep, le rouge. Elle tend de temps en temps ses longs membres blancs vers les mécanismes d'un orge. « Mister Head » est joué par Jim Carrey. Je me réveille.
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Un pigeon est entré à plusieurs reprises dans notre cuisine. Nous avions mis la semaine dernière un Cd pendu, histoire que ces oiseaux rats évitent de lâcher leurs sphincters sur le carrelage et la table de notre deuxième pièce. Naïf que nous sommes ! Les conversations s'y rapportant tournent autour de la déception, énervement, écoeurement, blasement. Ce matin, habillé d'un simple paréo autour de la taille je me planque dos au mur à côté de la fenêtre. Un quart d'heure debout, excité à attendre que sa toute petite caboche, la boucle de neurones en arrive à « j'entre dans la cuisine ». Il arrive, directement sur la table à peine débarrassée du petit-déjeuner. Il me voit, mais comme je ne bouge pas, il oublie de se méfier. Il s'avance vers un tas de miettes, me voit sous un autre angle, s'arrête près à partir puis oublie à nouveau de se méfier. Il ne voit pas le couteau à pain bloqué par un pli du paréo, sous mon nombril. La porte de cuisine était fermée, je ferme le volet rapidement, la bête panique. (...) Comme une épée. (...) Des plumes partout. (...) Des premières gouttes de sang. Je suis étonné de sa couleur éclatante. (...) Un sachet plastique. (...) Dans la poubelle. Ma main tremble fort, je n'ai plus d'organes en moi, tout est vide et creux et ça fait mal. Je garde mon sang-froid et le silence pour commencer à nettoyer. Le sang reste rouge vif même en commençant à coaguler. Sous le choc, je frotte chaque carrelage avec les lingettes pour sols, puis, le bas de quelques murs, les vitres de la fenêtre, les portes du placard sous l'évier, un pied de table, deux pieds de chaises, le radiateur, le rebord de la fenêtre. Je n'ai rien filmé, je n'ai pris aucune photo. J'y ai pensé, j'y pense toujours, en toute occasion, mais là, non, je ne veux pas aller au bout de l'acte gratuit, pas au bout de la prostitution de cet acte, pas au bout de la connerie (Si si, puisque j'écris cela ici). Je ne suis pas fier de ce que je viens de faire : tuer pour rien après, ne pas le manger après. Une corrida courte sans danse, sans public. Est-ce que je cherche une excuse ? Plus ou moins honorable qu'une corrida ? C'était débile à faire, utile mais insignifiant pour la ville. Moins lâche que des graines de cyanure ou des pilules contraceptives. Cet acte aura une incidence dans ma vie, en tant qu'expérience (plastique ?), pour Serge (en tout cas) et les prochains écrits que je lui consacrerai. La nécropole des Guêpes est la tombe d'un pigeon. Deuxième choc quand je me rends compte que la poubelle, que je viens de nouer, bouge. Je m'y suis pris comme un porc et ai accepté la violence qui sortait soudainement de moi cachée par un dégoût extrêmement profond. (...) Retourner le sac. (...) Pied. Plus un bruit. Je descends le jeter dans la ben de l'immeuble. La mort fait des tâches, fait du bruit, et elle te hante la mort, même la mort d'un pigeon. (J'ai plusieurs fois corrigé une faute dans ce paragraphe, je mettais systématiquement un « s » à pigeon : no comment) Plus la bête est grosse plus le choc est grand. Est-ce une hypocrisie de notre part ? Une projection de notre vie, de notre conscience en eux, eux qu'y n'en ont théoriquement pas ? Pourquoi l'impacte est-t-il plus grand en ville qu'à la campagne ? Un frisson dans le dos. Suis-je un criminel ? Aurai-je mieux fait de jouer de la flûte ? Est-ce qu'un tueur en série commence par ça ?
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Je ne sais pas si je regrette mon geste (acte) qui a entraîné la mort cruelle de ce pigeon. Je vais dire que oui, mais alors pourquoi je pense à les tuer tous, parfois ? J'ai recommencé à lire « L'homme apaisé » de Sénèque, mais ça m'énerve. Il personnalise la colère et l'oppose à l'humanité. En gros, les hommes, les êtres humains sont naturellement bons et aimants (envers) pour leur prochain sauf quand ils sont en colère. La colère qui n'est même pas liée à l'animal. Rien sur cette Terre n'est mauvais sauf ce truc, ce fantôme qui erre et chope au passage, tente l'être qui a une conscience. Ça devrait m'arranger : je n'ai donc pas tué ce pigeon, ce n'est pas moi, mais la colère qui l'a fait. La colère est la seule responsable. C'est elle qu'il faut mettre en taule ! Pas moi ! Donc Sénèque m'énerve et les pigeons aussi. Un pigeon insignifiant, qui ne manquera pas à ses géniteurs, ni à ses frères et soeurs, et encore moins à son hypothétique descendance. J'ai tué et je n'ai pas mangé. Ça c'est un problème. Qui mangerait du pigeon, ou du rat en Europe, en 2005 ? Pas moi, en tout cas, j'ai cette chance. Mais je l'ai tué, oh, on ne va pas en faire un plat. Qui n'a jamais tué sans plaisir ? Manger après, n'est-ce pas hypocrite ? « Manger » cache « tuer » qui cache « la colère », la belle affaire. Pourtant... c'est ce que je vois.
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J'ai retrouvé Julie, Loïc (photos) et Johanna à Paris. Le soir même de mon arrivée, je faisais un DVD avec les travaux de Julie pour sa soutenance, elle avait fait transférer préalablement ces travaux de VHS vers Mini-DV, mais le plouc qui lui a fait le travail, dans l'école d'art de Paris, lui a enregistré tout l'affichage Display, alors on a fait avec, mieux que de rien avoir. J'avais les boules pour elle et elle les avait pour elle aussi. De mieux en mieux les écoles d'art, de multimédia, j'adore la France ! Néanmoins, ça me faisait vachement plaisir de lui apporter mes connaissances techniques développées en Suisse. Nous avons attendu Jo revenue tout droit de son travail de barmaid à 1h et Loïc revenu tout droit des dunes de Varenne, bus ensemble puis Jo est allée se coucher et Loïc aussi après m'avoir laissé un matelas sympa tombé de sa deux-chevaux jaune-frites. Dodo. Le lendemain, je laisse Julie aller à son travail et en profite pour rencontrer Fred, qui sera un des artistes à participer à la Bio Résidence de Normandie. Nous passons l'après-midi ensemble entre balade au soleil, glace chimique dé-gueu-lasse, et séance photos. Le temps passe vite et je saute dans le métro pour retrouver Julie. Julie et moi nous barricadons dans sa chambre chacun un casque audio branché sur Poulet, nous enregistrons deux tubes bientôt disponibles sur T.B.I.G. !!! Le temps passe vite et la nuit change de noire à blanche ! Nous décidons de prendre le petit-déj' tout en haut du parc des buttes Chaumont, déçu par une pêche aux pompiers infructueuse, nous retrouvons nos lits pour nous reposer quand même. Lever en début d'après-midi. Le temps de se bouger et nous sommes à trois dans le marais, puis dans un bar de bears puis à Paris-Plage, ou l'inverse. Loïc est chaud chaud et essaye de pécher une magnifique Turque, Julie laisse ses yeux tomber sur un magnifique Égyptien, je suis tout timide, un peu excité, ne laisse sa chance à personne, mais voilà, je suis allé là ! C'est cool ! Je repars avec un sachet de graines de fleurs rouges, roses ? à planter près des murs, je les planterai toutes à Verneusses.Je suis claqué quand je tombe dans le train, je me rends compte que j'ai oublié mon chargeur de téléphone à Genève, je ne peux donc pas téléphoner à April et Charlie qui prennent le même train que moi. Julie, Loïc, Jo, je vous adore !
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Descendu du train à Bernay, je décide de faire du forcing à mon portable, et essayer de sonner April et/ou Charlie pour les localiser. Heureusement Charlie me phone et me fait signe de l'autre côté de la voie ferrée. Je traverse pour apprendre que Jérôme et Sophie viennent nous cueillir. Ils sont un chouya en retard, je plaisante à ce sujet, mais Charlie et April ne prennent pas le créneau. Où suis-je tombé ? J'apprendrai plus tard qu'April ne parle pas un mot de français et que Charlie et super timide. Je monte avec Jérôme, mais nous n'allons pas directement au Hameau Goubert, car il doit acheter des clopes pour Diane. Nous allons à Orbec pour cela et j'en profite pour jouer deux grilles à l'Euromillions. Arrivés enfin dans les lieux de la Résidence, je sens mon excitation monter en moi, ça va être de la balle !!!
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King, pas d'Internet pour le moment. Pas de jus dans le phone et je crois que je suis le seul Bouygues et j'ose pas demander aux collègues que je connais à peine. Tout le monde est extra et particulier dans le tout cohérent du groupe. J'ai mal au bide tellement je rigole. J'aurais aimé que tu sois là, Diane, Jérôme et Delphine aussi. Tout est calme autour de nous, en fait il n'y a que les cerveaux et la « Bourgoule » (???) qui bouillonnent. On apprend à se connaître et ça marche puisqu'on se fend la gueule. Je filme en macro avec une toute petite caméra bricolée par celui qui fait du son, Emmanuel (J'apprendrai plus tard qu'il l'a achetée et où). Alors Diane et Sophie veulent bosser avec moi et cet outil. Diane m'a pris en photo, ça commence. J'ai enregistré les dindons. Ils sont deux, mais remixés ils paraissent 20 ! Demain dimanche, je m'occupe de la bouffe avec Manu. Sans avoir fait de courses (j'ai loupé le coche avec mes vidéos). Jérôme me montre plein de bons trucs, para 2, ... Ça swingue Cetusss de temps en temps, avec le recul, je trouve ce que je fais kitsch, mais ça me plaît et ça a sa place. Delphine s'est arraché la peau avant que j'arrive : elle a une croûte à la place de la moustache. On enregistre tous un débriefing à la fin de la journée, genre confessionnal du loft.Je suis bien, mais j'espère avoir vite mon chargeur, lundi ? J'espère que tu t'amuses bien avec Nath, Ul, Ma, Ma, Les lapins et Tiago, (...). Élodie est venue passer l'après-midi avec nous, elle nous a présenté son petit ami : Jean-Noël. Je me marre en anglais avec April qui ne parle pas français sauf quand elle répète ce que je lui dis : »J'aime pisser comme les vaches ». Aujourd'hui c'était le Rice-Day !! peut-être que ce sera le Rice-Week-End en fin de compte. Déjà tant de choses à te montrer et à faire ! Ensemble ! (...) Ton boucher Turque.
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Ce soir, je dors dans une grande maison vide. Un des chats (Téquila) est mort, empoisonné par un des tarés du village : soit plus de 50% de Lauwin-Planque, dont le Maire. Je chante à tue-tête avec MTV, puis me perds entre les longues lignes de la télévision du salon. Presque un an que je n'avais plus zappé devant une télévision : c'est usant. Je suis souvent devant les moniteurs de Perceuse ou de Poulet. Je me rends compte de l'énergie que je perdais avant, surtout que je commençais la semaine après un dimanche de 5 à 6 heures de séries américaines en v.o.. Dans une grande maison vide, mais le ventre bien plein car Denise m'a accueilli comme un prince. Le goût de sa pizza faite maison me manquait énormément à Genève. Je suis ravi de la retrouver, ainsi que mon parrain Michel, sa barbe, leur adorable chien Olive. Julia, Guillaume et Sidonie mangent avec nous le lendemain midi. C'est super cool de les revoir. Nous rigolons beaucoup, surtout que les parents sont loin mais manifestent étrangement leur désir d'être à Lauwin-Planque. Julia me raconte les périples de l'organisation de son mariage et j'accepte d'être son témoin sans réfléchir. Je retrouve Fred et Sido un peu plus tard après avoir fait un peu de montage et regardé les affaires de Richard et moi que nous avions stockées dans la grange : rien n'a l'air d'avoir bougé ou pourri : ouf (?). Je ne sais plus quand je me suis couché. Lendemain de départ, c'est un passage rapide dans le passé. Le repas est tôt pour que Michel puisse me conduire à la gare. Du poisson, j'ai peur de puer dans le train, mais c'est délicieux. Michel et moi allons à la gare, nous restons silencieux, et je le quitte dans le silence, presque. C'est très bizarre : j'ai l'impression d'avoir rêvé. Un rêve mélancolique. En rentrant, je n'écris pas tout de suite ces lignes, il me faudra quatre jours. Je suis rentré à Genève avec plus de photos intéressantes plastiquement qu'en partant de Verneusses. Cela dit, ce n'est pas très objectif, puisque j'ai beaucoup plus filmé en Normandie, et j'étais parmi un ban de photographes. Alors ça calme, sans être désagréable puis que leurs objectifs ont bien flatté mon ego. Un voyage riche en tout, décidemment, j'espère que ce collectif ira loin et bon.
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Je prends des photos de bouches ouvertes et dents serrées. Ou alors ce sont des sparadraps posés sur les lèvres... avec un appareil particulier à basse résolution et aux couleurs vite saturées. Quelque chose fonce droit vers la Terre : une boule. Rassemblement secret des armées. Je sais pourtant. La boule fonce, fonce toujours, traverse l'atmosphère sans prendre feu, fonce plus vite encore. Elle s'arrête à 15 mètres au-dessus du niveau de la mer, au beau milieu des océans. Nous sommes nombreux en résidence artistique, ma faille est là aussi. Nous sommes tous dans une grande maison en bois au bord de la mer, sur la mer même, en pilotis. Un port sauvage. Je leur dis ce qu'il se passe, qu'elle arrive. Un grand repas, tout le monde boit, joue, c'est la fête et l'ambiance est chaleureuse, agréable comme un survêtement de sport. Bougies, gâteaux, table en bois installée sous les lampions, près de l'eau. Un grondement au milieu du silence : un raz-de-marée fonce vers la boule. Personne ne s'inquiète, ne le croit vraiment. Inconscience ou fascination. L'armée alerte la population d'évacuer les côtes menacées sur 30 kilomètres. La vague arrive au niveau de la boule, qui se déloge de sa lévitation. Elle tombe et la femme qui était debout dessus aussi. Cette femme plonge, inexpressive ou très sûr d'elle. Qui est-elle ? La fête continue dehors, paisible avec des pics de fous rires. Je reste inquiet mais ne torpille pas la soirée. Je prépare des chaises, pour Elle et moi : une interview. Elle arrive, Dame Nature ? Une extraterrestre ? Dieu ? au milieu des océans, le raz-de-marée s'est effacé pour laisser place à un bouillonnement. Des bulles éclatent à la surface calme de l'eau. Elle remonte, à cheval sur le dos d'une carpe géante, rouge et noire. Elles foncent au ras de l'eau. L'armée s'occupe d'évacuer la population pourtant le raz-de-marée n'et plus, que vont-ils devoir faire pour ne pas passer pour des débiles, saccager eux-mêmes la côte ? Pendant que l'armée se trouve face a ce problème existentiel qu'est sa bonne réputation, une femme magnifique (me faisant penser à April Gertler) fonce droit vers nous et notre jolie soirée. La carpe a changé, elle a développé un système mécanique doté d'une paire de pédales utilisées par la femme-alien (Dieu ?). Elles se déplacent beaucoup plus rapidement et fendent la surface huileuse de l'océan. Elles traversent une allée d'ailerons. Hommage ? Des rangées de dents surgissent pour croquer la tête de la carpe. Un immense requin emmène sous l'eau le rouge le noir et la femme. En famille, tous ensemble à table. Je sens que quelque chose a merdé. La fête bat son plein. Je ne sais plus ce qui ce passe, ne sais plus si elle arrive. Au fond de moi, j'y crois. Un peu au-delà du port où nous sommes, une carcasse de carpe remonte à la surface. Elle est un jouet en plastique, cassée. Le temps que je comprenne ce qui a changé, il est trop tard. Une mâchoire gigantesque s'élève au-dessus de la table et en avale le premier tiers. Tout le monde panique et crie. Elle est Dieu, Elle est là. Je me réveille.
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Il ressemble au mec de mon cauchemar d'enfant. Je me réveille.